ALLEGORY - Avant propos - 2010

Le voilement et le dévoilement. Il faut voir les textes semblables à des rideaux de dentelle, qui ne laissent voir que partiellement ce qu’ils suggèrent. Des filets dans lesquels le lecteur se fait happer comme un poisson et dans lesquels il se débat parfois toute son existence.


En effet le livre, l’écrit, et la surabondance d'informations textuelles élevées au rang de sources de dévoilement sont le plus souvent le voile en lui-même. C'est la suggestion des Allegory ; faite avec l'intention d'amener le spectateur à outre-passer ce voile pour dénicher les informations qu'il recouvre.



C'est à force de poser ces voiles que l'on commence à s’intéresser à ce qui les compose. C'est au-delà du sens des mots que s'étend ma réflexion. Chaque lettre semble être un livre à part entière. Il me faut la lire, lire en elle, extraire la moelle qui se terre dans sa structure.



Une lettre sur une page blanche n'a rien de différent d'un galet noir sur une banquise. L'action est là, c'est le même soleil qui nourrit la chose et qui la fait agir sur son support. Le galet noir fait fondre et refaçonne la glace, là où les lettres fondent chaque chose et les façonnent. Après tout, rien du visible n'est dénué de nom et d'ailleurs même l'invisible s'en voit parfois revêtu.



Ainsi, la suite de ce cheminement pousse à observer ce voile et le comprendre. Il faut alors le détisser fil par fil, lettre par lettre. Il ne s'agit plus ici de déchiffrer un livre banal, mais bien le monde visible qui s'offre à notre regard. De ce point de vue, les lettres sont semblables à des composants chimiques, se mêlant les unes aux autres pour façonner toutes choses, vous et moi y compris.

 

 

Allegory : Avant Propos - 2010 - Ouissem Moalla